Visiter l'Indonésie sans découvrir le gamelan serait une erreur pour tous les voyageurs, puisque l'utilisation de cet ensemble instrumental traditionnel est omniprésente dans la culture de ce pays. Certaines pièces sont même associées à des pouvoirs magiques. Le gamelan se caractérise par la prédominance des instruments à percussions. Y prennent principalement part les gongs, les cymbales, les métallophones et différents types de tambours, qui sont accompagnés d'instruments à cordes et à vent tels que les flûtes et le chant.
L'origine du mot « gamelan » se trouve dans le mot javanais « gamel », qui décrit l'action de jouer d'un instrument à percussion à l'aide d'un maillet. Le gamelan est né avant même que le bouddhisme et l'hindouisme n'arrivent en Indonésie. La légende raconte qu'il a vu le jour vers 230 après J.-C., lorsqu'un dieu qui régnait sur tout Java créa le gong pour invoquer ses pairs. Afin de livrer des messages plus complexes, il créa deux autres gongs, qui donnèrent naissance au jeu de gamelan originel.
Les plus anciennes traces du gamelan remontent au VIIIe siècle, sur les bas-reliefs du temple bouddhiste Borobudur à Java. Ces sculptures illustrent des flûtes en bambou, des tambours de diverses tailles, des ancêtres des xylophones et des instruments métalliques.
Le gamelan a continué à évoluer au fil du temps. Des royaumes comme Majapahit disposaient de fonctionnaires spéciaux chargés de superviser les représentations de gamelan et la création d'instruments. À Bali, des gamelans spécifiques étaient utilisés pour les cérémonies religieuses.
Les cours royales de Java ont développé leurs propres styles. Certains gamelans étaient considérés comme sacrés et joués uniquement pendant les rituels. D'autres étaient utilisés pour le divertissement, comme celui qu'un prince en deuil a commandé après la mort de son enfant.
L'influence de l'islam s'est également mêlée au gamelan. Certains instruments ont été utilisés pour diffuser les enseignements islamiques.
Aujourd'hui, la riche histoire du gamelan se perpétue. Des instruments anciens conservés dans des musées à la musique envoyée dans l'espace (transportée par les satellites Voyager I et Voyager II de la NASA), le gamelan reste une forme d'art précieuse, portant les échos de son long et fascinant voyage.
Le gamelan se décline en plusieurs styles. Chaque ensemble possède sa propre identité, héritée des cours royaux et des traditions locales. La classification des styles se fait généralement par région :
Le gamelan javanais est une tradition musicale riche et diversifiée originaire du centre et de l'est de Java. On en distingue deux principaux types : le pakurmatan, réservé aux cérémonies et événements royaux, et l'ageng, plus complet et utilisé par la population.
Le gamelan ageng existe aussi sous de nombreuses variantes, qui se différencient par leur taille, leur composition instrumentale et leur répertoire. Certains instruments anciens, comme le Byong, ont disparu du gamelan standard, tandis que d'autres, comme le Selompret, sont caractéristiques des ensembles villageois.
Le gamelan javanais est souvent doux et harmonieux, reflétant la philosophie de vie javanaise. Cependant, certains styles, comme le gamelan Banyuwangi, possèdent un tempo plus rapide et des notes plus aiguës.
L'accordage du gamelan javanais se base sur deux systèmes principaux : le pelog, à sept notes, et le slendro, à cinq notes. Ces gammes spécifiques confèrent à ce gamelan son caractère unique et envoûtant.
Le gamelan balinais se distingue du gamelan javanais par ses instruments, leur forme et leur manière d'être joués. Il accompagne traditionnellement les spectacles artistiques balinais, qu'ils soient religieux ou profanes.
On distingue trois principaux types de gamelan balinais, classés selon leur époque d'apparition :
Le gamelan wayah : un type ancien existant vraisemblablement avant le XVe siècle. Il est dominé par des instruments à clavier et ne comporte pas de tambours.
Le gamelan madya : datant du XVIème au XIXème siècle et intégrant des tambours et des instruments accordés.
Le gamelan anyar : regroupant les formations les plus récentes (XXe siècle) et se caractérise par un jeu de tambours plus important.
Le gamelan sundanais est originaire de l'ouest de Java et de Banten. Apparu au XVIe siècle, il était apprécié des dignitaires de l'époque. On distingue trois types de gamelan sundanais :
Le gamelan salendro : utilisé pour les spectacles de marionnettes, les danses et la musique instrumentale.
Le gamelan renteng : considéré comme l'ancêtre du gamelan sundanais actuel.
Le gamelan ketuk tilu : servant d'accompagnement à divers arts traditionnels.
On distingue généralement trois familles d'instruments dans un gamelan :
Le gamelan est fortement ancré dans la culture indonésienne et dispose d'une signification philosophique et sociale profonde. En plus de la beauté de la musique elle-même, il symbolise aussi la cohésion et la coopération.
On le retrouve dans les théâtres de danses tels que le ballet du Ramayana (au temple hindou de Prambanan, au centre culturel de Purawisata à Yogyakarta, à Ubud…), le wayang wong, le wayang topeng, etc. Le gamelan est aussi présent dans tous les spectacles de marionnettes indonésiennes comme le wayang kulit, le wayang golek, le wayang klithik et le wayang beber.
Plusieurs festivals javanais et balinais sont animés par le gamelan, comme le festival de gamelan de Solo, le festival international de gamelan de Yogyakarta, le Festival d'art balinais et bien d'autres encore.
À Bali, tous les rituels des temples s’accompagnent du gamelan, ainsi que le rituel de purification de Melasti, la fête de Galungan et l’Odalan.
On peut également assister à la performance de gamelan lors des cérémonies religieuses (celles de l’Église catholique indonésienne par exemple), des cérémonies de naissance, des mariages et, même lors des funérailles.
Si vous souhaitez apprendre cet ensemble instrumental lors de votre voyage en Indonésie, des cours sont également proposés aux touristes à Java et à Bali.